30 déc. 2016

L'analyse financière au service du collectif de travail

Le bilan est une photo instantanée au 31 décembre, soit en sortie de l’exercice de l’année et mise en entrée de celui de l’année suivante. La présente note vise à faire la reconstitution historique des bilans de France Télécom Orange depuis sa privatisation pour montrer l’impact des décisions prises au fil de l’eau.

Le modèle de l’entreprise

L’entreprise est un système disposant de ressources qu’elle doit conforter au fil des exercices. L’objectif est d’assurer un développement durable de son activité. C’est le modèle de développement durable de l’entreprise (DDE).

Le modèle de l'entreprise DDE
Pour disposer d’une mise en réserve qui assure le développement durable de l’entreprise (DDE):
  • La valeur ajoutée produite par le collectif de travail doit couvrir les charges et dégager un résultat positif ;
  • La société d’actionnaires ne doit pas prélever plus de dividendes sur le résultat qu’elle ne contribue aux ressources (K%).
  • Le reste du résultat (1-K%) doit alors conforter les ressources grâce à leur mise en réserve.

La société d’actionnaires reste propriétaire de son capital social et le reste des ressources constitue le bien commun qu’elle partage avec le collectif de travail, le trésor de l’entreprise.

Les directions mettent en avant l’EBITDA (le chiffre d’affaire moins les charges, dont la masse salariale). Les salariés doivent porter la mise en réserve (le résultat moins les dividendes). Cette question de la mise en réserve du résultat est l’objet central du dialogue social de l’entreprise.

Faisons ici l’exercice pour Orange.

Les ressources de France-Telecom Orange

Les documents de référence depuis la privatisation de France Télécom permettent de retracer l’historique des ressources de l’entreprise Orange.

Les dividendes contre le développement des ressources
L’achat d’Orange par France Télécom en l’an 2000 a plus que doublé les ressources de l’entreprise. Cette opération a aussi produit une énorme dette et puisé dans les réserves jusqu’à les rendre négatives. Le capital social de la société d’actionnaires s’est renforcé et approche les 30% en moins d’une dizaine d’année.

Une seconde fois le même, la transformation de France Télécom en Orange a eu un impact semblable avec des réserves de nouveau négatives et un renforcement du capital social de la société d’actionnaires dans les ressources.

Cet historique montre que les réserves n’ont aucun lien avec le cumul des résultats (la courbe noire en pointillés de la Figure 2). La gouvernance ne respecte pas le principe de mise en réserve pour un développement durable de l’entreprise. 

L’activité

Valeur ajoutée et résultat
L’environnement concurrentiel créé par la réglementation du secteur des télécommunications tire la valeur ajoutée fortement vers le bas ces dernières années. Mais, après trois années à moins de 10%, le résultat retrouve un pourcentage de la valeur ajoutée à deux chiffres.

Orange est toujours le premier opérateur en France, sur le marché de l’internet haut débit et sur le marché mobile. Pour la fibre, Orange dispose de plus de 5 M de prises raccordables et sert presque 50% des clients raccordés en FTTH (fibre jusque chez l’abonné).

Mais globalement, les opérateurs ne répondent pas à la demande sociale d’un raccordement très haut débit filaire et mobile disponible sur tout le territoire (tout le temps et partout). L’État et les collectivités territoriales doivent faire appel à l’impôt pour pallier la carence des opérateurs.

La concurrence
Le développement des ressources grâce aux réserves

Il y a dix ans, les dividendes ont explosé par rapport aux résultats (courbe rouge de la figure 5). Leur poids prive l’entreprise des résultats qu’elle produit grâce à son activité.

Condition pour produire des réserves
La courbe du cumul des dividendes montre une forte inflexion après 2005 avec une pente qui apporte aux actionnaires un retour de près du double du capital mis dans l’entreprise depuis la privatisation de France Télécom. Avec un tel prélèvement, les réserves restent à un niveau qui empêche tout développement durable de l’entreprise.

Une distribution de dividendes en rapport avec la contribution de la société d’actionnaires, c’est-à-dire au niveau de la part du capital social dans les ressources, aurait permis à l’entreprise, toute chose égale par ailleurs, de mettre près de 50 Md€ en réserve ! Elle aurait pu utiliser ces réserves pour réaliser le câblage fibre du pays et offrir le très haut débit fixe et mobile à tous ses clients sur tout le territoire.

Le respect du principe DDE ne pas distribuer en dividendes plus que la part du capital social dans les ressources aurait assuré une moyenne de 4% d’intérêt au lieu des 10% réalisés.

La rémunération des actionnaires

La rémunération des actionnaires
Ce taux de 4% est celui qui avait cours tout au long des trente glorieuses. Depuis son entrée en scène dans l’entreprise au milieu des années 1970, le PDG porte les exigences des actionnaires et impose des rendements à deux chiffres. Le président représentait les intérêts de la société d’actionnaires pendant que le directeur général portait le projet de l’entreprise.

La première décision du 17ème congrès de l’UGICT-CGT propose de travailler à un nouveau statut de l’entreprise distinct de celui de la société d’actionnaires. Il est temps de se mettre au travail.

Sources

Documents de référence