7 juin 2016

L'Union européenne ou l'empire des normes

"La projet néolibéral (est) un projet antidémocratique [...] dans ses deux principales formes: [...] (celle de) la constitutionnalisation du droit privé (Hayek) [...] (comme) [...]  celle des ordolibéraux (qui triomphe en Allemagne et dans l'Union européenne) [...] consacrant l'indépendance d'une banque centrale fonctionnant comme une sorte de cour constitutionnelle économique.

Editions La découverte
"Qui est dans l'Union ne peut invoquer la souveraineté populaire pour s'opposer à des règles ayant acquis une valeur constitutionnelle supérieure à toute volonté générale de citoyens: "Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens"* Les institutions européennes, Commission et Conseil unis, se donnent même le droit d'intriguer contre un gouvernement légitimement élu, de soutenir son opposition, de déstabiliser une économie entière afin d'opérer son renversement, comme on l'a vu depuis la victoire électorale de Syriza à la fin du mois de janvier 2015. En ce sens, la leçon grecque est de la plus haute importance pour saisir ce qu'il en est véritablement du projet européen. En effet, [...]l'Europe est entrée dans une phase nouvelle, celle d'un pouvoir nouveau qui se dévoile et s'avoue comme tel, et qui fonctionne comme un empire d'un genre inédit, fondé sur l'inflation de la norme juridique et économie."

Cette inflation de normes jugée insupportable dans le code du travail, conforte la stratégie néolibérale du capitalisme et nous enferme dans "Ce cauchemar qui n'en finit pas".

"[...] comme forme particulière du capitalisme, le néolibéralisme comporte une dimension essentielle d'imaginaire, mieux: il ne se constitue et ne se maintient que par cette dimension[..]"

"Rabâcher de façon lassante qu'il faut opposer aux politiques néolibérales une politique économique keynésienne et redistributive, c'est ne pas comprendre que l'on ne peut combattre le néolibéralisme qu'en opposant à son imaginaire un imaginaire alternatif, c'est-à-dire un imaginaire qui doit être à la hauteur de celui qu'il veut supplanter en s'élevant jusqu'à la proposition d'une forme de vie désirable".

Pierre Dardot & Christian Laval, "Ce cauchemar qui n'en finit pas"

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Jean-Claude Juncker, Le Figaro, 29 janvier 2015.